Enquête exclusive

Développeur, un métier en pleine ascension

| Mise à jour

En Suisse, CIO et prestataires IT ­recherchent des développeurs au ­profil rare, combinant maîtrise des langages, pratiques et outils dernier cri avec de solides com­pé­tences sociales. Un constat issu de l’enquête exclusive de ICTjournal.

(Compléments: Graphiques de l’enquête réalisée par ICTjournal sur le métier de développeur en mai 2016 et interview de Mark Wilcox, VisionMobile)

Les développeurs sont aujourd’hui essentiels au succès d’une entreprise. Le software ne concerne plus seulement ses opérations internes, mais l’expérience de ses clients, toujours plus tributaire du numérique et d’apps mises à jour en continu. A cela s’ajoute que les modes de déploiement évoluent aussi: les applicatifs tournent toujours plus souvent dans le cloud. De plus en plus sollicité, le métier de développeur est ainsi un métier qui change, au rythme des évolutions technologiques et des nouveaux modes d’organisation, en particulier dans la collaboration avec les ops.

Menée courant mai auprès d’un vaste échantillon de développeurs actifs en Suisse, notre enquête montre que dans ce contexte, les entreprises sont en quête de perles rares: des développeurs capables de s’adapter en permanence, de travailler en mode DevOps pour s’aligner sur les problématiques des responsables d’exploitation, tout en sachant communiquer avec ces derniers ou encore manifester de l’intérêt pour le business.

Javascript et HTML5 ont la cote

Les compétences techniques affichées par les développeurs sont d’une grande diversité. Une très large majorité des spécialistes de la programmation qui ont pris part à notre sondage connaissent plusieurs langages. Quels sont les plus recherchés? Il apparaît que CIO et prestataires IT actifs en Suisse ont de forts besoins en Java, SQL, HTML5 et JavaScript. Ces quatre compétences sont aussi les plus présentes chez les développeurs. Pour Eric Pascal, Directeur Innovation et Mobilité chez AiM Services, la percée de JavaScript s’explique car il s’agit aujourd’hui d’une «technologie mature, adaptée au monde du mobile, qui se combine très bien avec des architectures basées sur des web services.»

Une majorité d’entreprises tentent aussi de trouver des spécialistes sachant s’appuyer sur la librairie
JavaScript AngularJS. Non sans difficulté, puisque que cette compétence est encore une denrée rare dans nos régions, tout comme C#, langage de l’environnement .NET de plus en plus prisé.

Les développeurs snobent IaaS et PaaS

L’univers du développement  s’étend aujourd’hui au-delà des stricts langages de programmation. Notre enquête s’est ainsi également focalisée sur l’intérêt que portent employeurs et développeurs à différents outils et méthodes en vogue. Du côté des techniciens, on observe qu’une majorité se sert d’API et possède des connaissances en UX ou encore en intégration continue. En revanche, contrairement aux employeurs, les développeurs de Suisse ne s‘intéressent que modérément à la pratique DevOps.

Il est également frappant de constater que pour l’heure, seul une petite minorité domine les environnements cloud, qu’il s’agisse de IaaS ou de PaaS. Responsable Sourcing et Talent Management chez Serial, Nicolas Revol explique qu’il n’est pas évident pour les développeurs d’arriver à «anticiper ces phénomènes de mode pour garder une employabilité forte. Seuls les plus proactifs sortent leur épingle du jeu, puisqu’ils se tiennent à jour régulièrement!»

Compétences sociales très demandées

L’intérêt des employeurs pour les pratiques DevOps et agiles, fortement axées sur la collaboration et la communication, génère un besoin accru en soft skills. «Il est clair que les compétences sociales sont plus importantes qu’il y a 10 ans, car on est plus en mode projets orientés utilisateurs», souligne Christophe Andreae, associé du cabinet de recrutement JRMC. Patricia Jergen, consultante pour le cabinet Hays en Suisse, observe: «L’image du développeur seul dans sa pièce avec quasiment aucun contact avec l’extérieur n’est plus du tout d’actualité.»

Les résultats de notre enquête vont dans ce sens: aussi bien les employeurs que les développeurs ont conscience des besoins accrus en capacités d’écoute, de communication et de collaboration. La compréhension des intérêts business est également perçue des deux côtés comme de plus en plus importante. En outre, au vu de l’évolution rapide des langages et techniques, la plupart des spécialistes de la programmation voient la capacité d’apprentissage comme un sérieux atout.    

L’atmosphère de travail, facteur clé pour recruter des développeurs

A l’heure où les développeurs endossent un rôle crucial pour assurer le succès des affaires et la satisfaction des clients, les firmes suisses aimeraient pouvoir compter sur des spécialistes maîtrisant un large panel de technologies tout en étant dotés de solides soft skills. Les entreprises se doivent d’attirer et conserver ces ressources qui ne courent pas les rues. Dans cette optique, les employeurs mettent spécialement en avant le cadre et l’atmosphère de travail, les possibilités de développer de nouvelles compétences et de relever des défis intéressants. A juste titre, puisqu’au moment de choisir un emploi, on trouve davantage de développeurs privilégiant ces trois aspects, que le salaire.

Les bons et moins bons côtés du métier

Comment les développeurs considèrent-ils leurs postes actuels et leur profession en général? Nous leur avons soumis ces questions, en les invitant à y répondre sous forme ouverte. Il ressort que certains aiment relever des défis techniques complexes, alors que d’autres apprécient la diversité des tâches demandées ou l’autonomie dont ils profitent. D’une façon générale, les développeurs perçoivent positivement leur métier pour la créativité qu’il nécessite pour résoudre des problèmes et innover. Facette négative du quotidien des techniciens interrogés: le stress, la charge de travail ou encore un management trop distant. Plus généralement, des développeurs se plaignent que le job souffre encore de sa connotation geek et certains perçoivent un manque de reconnaissance pour leur métier.

La profession de développeur n’a pourtant jamais été aussi stratégique pour la réussite des entreprises. Sur un marché de l’emploi aussi restreint qu’en Suisse, il est certainement d’autant plus ardu pour les organisations de trouver des développeurs remplissant 100% des compétences que l’on attend d’eux aujourd’hui. De leur côté, les spécialistes de la programmation ont tout à fait conscience qu’ils ne peuvent plus se reposer sur leurs lauriers. Ils savent l’importance de se tenir constamment à jour. Alors que l’évolution des pratiques a mis les soft skills sur le devant de la scène, les employeurs auraient peut-être intérêt à les privilégier lors du recrutement, le savoir-être étant sans doute plus difficile à acquérir par la suite que les langages, outils et techniques.

L’enquête de ICTjournal
ICTjournal a mené courant mai une enquête en ligne sur le métier de développeur. Une centaine de développeurs actifs dans le pays comme indépendants ou comme employés ont répondu à notre questionnaire. Un certain nombre sont membres de AppBuilders Switzerland, une communauté de ­développeurs. Côté employeur, une quinzaine de CIO et responsables de prestataires IT en Suisse romande ont répondu à un second sondage. A consulter: les graphiques des principaux résultats.

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