Analyse de données

Les données comme modèle d'affaires

L’analytics ne sert pas seulement à la compréhension du business. Certaines entreprises en ont fait une véritable partie de leur offre. A l’image des sociétés PLZ et Axiom, actives dans l’investissement immobilier et les services juridiques.

Si l’analytics s’impose comme l’un des principaux vecteurs de transformation digitale des entreprises, les outils et méthodes d’extraction et d’analyse de données peuvent également constituer le cœur d’un modèle d’affaires. C’est le cas pour certaines firmes actives en Suisse. S’appuyant sur des algorithmes et logiciels maison, PLZ et la succursale helvétique d’Axiom ambitionnent de bouleverser respectivement le secteur de l’investissement immobilier et celui de la prestation de service juridique.

Evaluation automatisée de la rentabilité des biens immobiliers

Créée en 2013, la start-up zurichoise PLZ propose un service d’évaluation du rendement potentiel de biens immobiliers, à destination des investisseurs privés. A cette fin, la jeune pousse a mis au point une approche dont la première étape consiste à recenser et évaluer la rentabilité de tous les biens en vente en Suisse. Une procédure totalement automatisée grâce au logiciel «Pleaz», développé par PLZ et basé sur un algorithme imaginé par son fondateur Philippe Lasser. Après avoir travaillé pour plusieurs banques d'investissement, gestionnaires de fortune et courtiers en Suisse, cet entrepreneur romand a ensuite créé et dirigé une division d’une filiale de la Banque National du Canada pour laquelle il avait mis au point, en 1995 déjà, l’une des premières solutions de courtage électronique en ligne. En 2002, il crée son fonds d’investissement immobilier via lequel il se lance dans l’acquisition d’appartements et d’immeubles dans tous le pays. «Pour évaluer le taux de rendement par rapport au capital investi des biens qui m’intéressaient, je me reposais sur mon propre modèle mathématique prenant en compte des données comme le calcul du prix moyen au mètre carré des biens similaires à louer au même endroit, les charges hypothécaires et frais accessoires. Une analyse que j‘effectuais sur Excel et qui me prenait beaucoup de temps», nous explique Philippe Lasser, qui pense alors à automatiser le processus.

Le directeur de PLZ a ainsi eu l’idée d’exploiter sa formule mathématique au sein d’un programme  d’analyse capable de recenser au préalable les données de tous les appartements en vente, via des robots qui scannent les pages d’une vingtaine de sites web. «Par rapport à une recherche manuelle, la fiabilité de l’appréciation du taux de rendement est bien plus élevée», souligne le fondateur de PLZ. Car pour faire cette évaluation, le logiciel prend aujourd’hui en compte  plus de 100'000 références d’objets proposés à la location. Les rapports de recherche des biens offrant les meilleurs taux de rendement sont envoyés par mail aux clients, qui s’abonnent à ce service pour une durée minimum de trois mois. La start-up peut aussi s’occuper  de la négociation, de la quête du meilleur financement,  de l’acquisition et de la gestion du bien – autant d’étapes proposées à la carte. Actuellement accompagné de trois collaborateurs, dont deux développeurs, Philippe Lasser compte par la suite développer son service d’informations sur mesure pour les clients institutionnel. En outre, il travaille avec un partenaire luxembourgeois en vue de développer PLZ et son modèle de simulation locative au Luxembourg, en Belgique et en Allemagne.

Quand la technologie réduit les tarifs des services juridiques

Depuis le début du millénaire, Axiom s’est donné pour mission de bouleverser le secteur des services juridiques, en mettant en avant ses prestations moins onéreuses que les études d’avocats traditionnelles. Basé à New York, ce groupe qui emploie plus de 1000 avocats, consultants et experts en technologie dans le monde s’est installé à Zurich en mars dernier. Cette première succursale suisse (la seconde en Europe) est dirigée par Marc Morant, docteur en droit et précédemment Chief Counsel de la division internationale de Swiss Life. Axiom ambitionne de secouer le marché local des services légaux, en ciblant dans un premier temps spécifiquement secteurs de la finance, de la recherche et de la technologie. La firme peut par exemple s’occuper de la gestion des processus de mise en conformité visant à répondre aux exigences des nouvelles directives réglementaires. Marc Morant précise: «Axiom se profile comme un fournisseur de solutions juridiques de contrats et de compliance destinées aux grandes entreprises. Nos prestations se basent à la fois sur notre expertise juridique, ainsi que sur la technologie et l’analyse de données. C’est selon moi cette combinaison qui rend notre modèle d’affaires disruptif.»

Axiom s’appuie sur une série d’outils et sur les capacités de traitement de ses infrastructures IT pour scanner et analyser d’important volume de données contractuelles, explique le General Manager de la succursale zurichoise. Les spécialistes d’Axiom s’appuient sur un logiciel analytique propriétaire associé, si nécessaire, à d’autres solutions disponibles sur le marché telles que des logiciels de reconnaissance de texte. Intégrant ces différentes éléments, la plateforme technologique d’Axiom permet par exemple de récolter, classer et faciliter l‘accès aux données contenues dans les dizaines de milliers de contrats qu’il est nécessaire de passer au peigne fin dans le cadre de processus de fusion et d’acquisition. Des tâches dont se chargent les spécialistes paralégaux et les informaticiens opérant dans l’un des cinq pôles technologiques dont dispose la société, aux Etats-Unis, en Inde, en Pologne et en Irlande. «Nous souhaitons apporter de l’innovation sur le marché juridique suisse et provoquer des remises en question au sein des entreprises. Au cours de mes discussions avec des cadres des services juridiques et de compliance et des avocats, j’ai constaté que la demande était très forte pour les services que nous proposons», se réjouit Marc Morant.

Les exemples de PLZ et Axiom l’illustrent bien: les techniques et outils d’extraction automatisée et d’analyse de données peuvent être exploités autrement que pour produire des informations décisionnelles dans un contexte interne. Gageons qu’à l’avenir, cette tendance va s’accélérer et que des modèles d’affaires disruptifs, puisant dans toujours plus de données, génèrent davantage d’offres de services inédites et de produits innovants, et ce dans de multiples secteurs d’activité. 

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