Hyperconvergence

Les solutions hyperconvergentes veulent hypersimplifier les infrastructures IT

| Mise à jour
par Rodolphe Koller

Nutanix et Simplivity promettent de simplifier radicalement les infrastructures IT, pour réduire les coûts opérationnels et agiliser le déploiement de ressources.

Simplifier, simplifier et simplifier encore l’infrastructure IT des entreprises. Tel est le credo de Nutanix et Simplivity, deux jeunes sociétés américaines qui ambitionnent de concurrencer les poids lourds du secteur - y compris sur le marché suisse – avec leurs solutions «hyperconvergentes».  Un terme qui ne doit rien au hasard, car ces nouvelles offres se veulent davantage intégrées que les solutions «simplement» convergentes apparues il y a quelques années. Comme les Flexpods de Netapp et Cisco ou les Vblocks de l’alliance VCE (VMware, Cisco et EMC), qui connaissent d’ailleurs un véritable succès sur le marché si l’on en croit les projections de Gartner (+50% en 2014) et l’étonnante progression de Cisco, désormais  4ème fournisseur de serveurs au niveau mondial.

Plus convergents que les convergents

Comme les systèmes intégrés de leurs concurrents, les appliances de Nutanix et Simplivity combinent des ressources serveur et réseau et de l’espace de stockage. Ce qui les distingue toutefois c’est une intégration bien plus poussée de ces éléments proposés sous forme d’unités d’un seul tenant, au lieu d’assemblages composites émanant de plusieurs équipementiers. «Au fond, les solutions convergées classiques ne représentent pas un grand changement par rapport aux approches best-of-breed si ce n’est qu’elles sont précâblées et pre-racked», estime Olivier Hartmann, responsable de Simplivity en Suisse.

Les fournisseurs hyperconvergents mettent aussi en avant leurs outils de gestion unifiés (machines virtuelles, stockage) et la facilité de déploiement de nouvelles appliances dans un mode scale-out inspiré des pratiques des géants du web. «C’est un changement de paradigme qui vient des Facebook & Co. Tout est basé sur du logiciel, tout est distribué, tout tourne sur du matériel standard. On sait que les équipements sont faillibles; la continuité est désormais assurée par le software», argumente Florian Koeppli, responsable des activités suisses de Nutanix.

VMware entre dans la course

Des différentiateurs suffisamment convaincants pour que VMware, bien qu’associé à la plupart des solutions convergentes du marché, se décide l’été dernier à lancer EVO:Rail, sa propre solution hyperconvergente, quitte à fâcher ses partenaires… L’entrée de VMware sur ce nouveau marché valide en quelque sorte le concept développé par Nutanix et Simplivity, mais c’est aussi une concurrence dangereuse pour les deux jeunes pousses, vu la très large adoption des solutions  de virtualisation du mastodonte VMware, surnommé «Virtzilla» par certains médias.

Naturellement, les solutions hyperconvergentes divergent entre elles et ont chacune leurs atouts en matière de gestion, de stockage, de hardware, etc. Nutanix met en avant sa neutralité – c’est le seul à supporter non seulement vSphere, mais aussi les hyperviseurs KVN et Hyper-V – ainsi que son architecture hautement extensible et distribuée, notamment au niveau du stockage. «Au lieu d’avoir une locomotive tirant des wagons, nos appliances fonctionnent comme des wagons motorisés», paraphrase Florian Koeppli. De son côté, la solution OmniCube de Simplivity se distingue entre autres par son système de compression des données in-line et sa capacité à répondre aux plus petits environnements. Côté VMware enfin, on insiste sur l’interface unifiée, sur l’intégration des logiciels établis vSphere, vCenter et vSAN et sur un bien plus grand nombre de partenaires hardware, permettant aux entreprises de déployer une solution hyperconvergente avec leur équipementier attitré.

Réduire les coûts opérationnels des PME

Au-delà de ces différences, les solutions hyperconvergentes ambitionnent de répondre aux mêmes besoins de simplification et d’agilité des entreprises. «Notre infrastructure existante avait rempli sa mission, mais, dans un environnement hautement virtualisé, elle devenait toujours plus complexe à gérer» explique ainsi Paul Weijland, responsable IT de la société suisse Hero aux Pays-Bas, qui s’est décidé récemment pour la solution de Nutanix. La combinaison du serveur et du stockage et le management unifié doivent d’autre part réduire les coûts opérationnels, tandis que l’extensibilité scale-out doit permettre d’éviter le «surprovisionnement» en n’ajoutant de nouvelles appliances que lorsque les besoins en capacités augmentent.

Autant de caractéristiques particulièrement attractives pour les petites et moyennes entreprises disposant d’équipes limitées pour gérer l’infrastructure. «Les PME seront sans doute pionnières dans l’adoption de nos technologies vu l’allègement que représente pour elles le fait de n’avoir plus qu’un seul type d’équipement et un seul fournisseur, analyse Olivier Hartmann de Simplivity. Pour les plus grandes entreprises, qui ont des équipes spécialisées pour les différentes couches, la transition prendra plus de temps et demandera un changement de mentalité.»

Ambitions suisses

Alors que VMware est solidement implantée en Suisse et dispose d’un important réseau de partenaires locaux, presque tout est encore à faire pour les start-up Nutanix et Simplivity.

Valorisée à quelque 2 milliards de dollars lors de sa dernière levée de fonds, Nutanix a livré ses premiers produits en 2011. La jeune pousse californienne affirme compter plus de 1’200 clients dans le monde. Florian Koeppli développe depuis quelques mois les activités suisses de la société, avec pour l’heure un ingénieur pre-sales et le projet de recruter trois à quatre personnes supplémentaires dans les six mois. Privilégiant un modèle de commercialisation indirect, Nutanix a aussi déjà enrôlé des partenaires suisses, comme le Romand Cortex IT.  «Nous allons prochainement annoncer des deals en Suisse et cela va naturellement stimuler le channel», confie Florian Koeppli. Pour le country manager, les opportunités résident en particulier dans les entreprises qui entament un rafraîchissement complet de leur infrastructure, mais aussi  dans des projets spécifiques, comme la VDI ou le big data.

Né en 2013, son concurrent Simplivity est lui aussi financé pour l’heure par du capital risque. La start-up vient d‘ailleurs de lever 150 millions de dollars auprès de Waypoint Capital, société d’investissement de la famille Bertarelli. Sous la houlette de Olivier Hartmann accompagné d’un solution architect, la start-up du Massachusset développe elle aussi son réseau de partenaires en Suisse (Inginia, PSS IT Solutions) et revendique ses premiers clients dans le pays. «Nos premiers projets concernent le remplacement d’infrastructures complètes», confie Olivier Hartmann, qui ambitionne lui aussi de recruter de faire grandir son équipe dès le premier trimestre 2015. Simplivity a par ailleurs annoncé l’automne dernier l’ouverture d’un centre de services et de support en Irlande spécialement pour la clientèle européenne, et l’engagement de 70 employés dans les trois ans.

Avec des atouts différents mais des concepts et des stratégies marketing très proches, il sera intéressant de suivre le développement de ces deux start-up innovantes sur un marché suisse dominé par VMware. Tout comme le rôle des équipementiers, HP en tête, susceptibles de s’intéresser au rachat de l’un ou l’autre de ces trublions de l’hyperconvergence.
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