Tendances 2015: les départements IT attendus au tournant

Comme de coutume, ICTjournal vous propose une plongée dans les tendances technologiques qui devraient marquer les entreprises en 2015. Nous avons épluché pour vous les prédictions de cabinets d’analystes réputés, complétées cette année par un sondage exclusif auprès de responsables IT romands. Ces différentes perspectives concordent sur un point: l’impact des technologies digitales sur la compétitivité, sur l’attractivité de l’offre et in fine sur les résultats ne cesse de grandir, faisant de l’IT un élément central de la stratégie des entreprises. La direction générale et les directions métier - en particulier le marketing et la vente - attendent ainsi beaucoup de leur département IT, en matière de solutions et en matière de collaboration avec le business. Des attentes si élevées que, pour Christophe Châlons, Group Chief Analyst chez PAC, le principal défi des CIO en 2015 sera de maintenir leur position dans l’entreprise et leur souveraineté sur l’informatique.

Plus encore que par le passé, l’agenda 2015 des départements IT sera donc en grande partie déterminé par les autres fonctions de l’entreprise. 80% des CIO ayant participé à notre enquête en Suisse romande placent la réponse aux nouvelles demandes des métiers au sommet de leurs priorités.

Pour répondre à ces besoins, les départements IT devraient disposer de davantage de moyens cette année – Forrester anticipe une hausse globale de 5 à 6% des budgets IT en 2015. Selon une étude menée en Suisse par Capgemini, 33% des responsables IT verront leur budget augmenter, contre 19% qui subiront une baisse de leurs ressources financières. En moyenne et d’après les résultats de notre sondage, deux tiers de ces budgets serviront à maintenir et opérer les systèmes actuels – le run – tandis qu’un tiers sera investi dans de nouveaux projets – le change.

Tendances 2015

Où seront donc investis ces budgets? Si l’on tente de synthétiser les prédictions des analystes, deux grands faisceaux d’initiatives devraient occuper le devant de la scène cette année. D’un côté, des projets de transformation pour rendre l’informatique plus rapide, agile et économe - plus «lean» en quelque sorte. De l’autre, des projets digitaux visant à développer et à enrichir la connaissance et la relation avec la clientèle.

1. Simplifier, automatiser

Souvent pointée du doigt, l’inertie des systèmes informatiques empêche de répondre rapidement aux demandes des métiers. De nombreuses initiatives se consacreront cette année à augmenter l’agilité et à accélérer le time-to-delivery de l’IT, prédisent les analystes. Il faut notamment s’attendre à des projets destinés à agiliser et à simplifier la mise à disposition d’infrastructures au gré des besoins. Une priorité élevée pour plus de 70% des CIO romands que nous avons sondés. Au niveau technologique, ces projets devraient concerner le déploiement d’infrastructures convergentes et software-defined, le recours accru aux divers types de cloud et l’emploi de solutions pour orchestrer et intégrer les capacités locales et hébergées.

Du côté applicatif, les outils permettant de réduire le temps de développement et de mise en production feront leur entrée dans beaucoup entreprises: gestion des API, du cycle de vie et de la performance des applications, plateformes destinées aux apps mobiles, containers. Plus encore que ces technologies, un grand nombre de départements IT intégreront les pratiques DevOps héritées des start-up web. «En 2015, 60% des CIO feront des DevOps leur outil principal pour répondre à la demande d’applications mobiles, cloud et open source», prédit IDC.

Selon les analystes, les organisations s’attacheront également cette année à simplifier et à améliorer la gestion de leurs données, un passage obligé pour intégrer de nouvelles sources de données et répondre aux futures demandes d’analyse, notamment big data. Ces initiatives devraient typiquement déboucher sur des projets de master data management et d’entrepôts de données.

2. Améliorer et informer l’expérience client

Les projets et technologies évoqués au point précédent devraient permettre à l’IT d’améliorer son efficacité et de se débarrasser d’entraves à son agilité. Cependant, les tendances 2015 à même d’influer réellement sur le développement des affaires sont à chercher du côté des initiatives digitales, s’accordent à prédire l’ensemble des analystes. Des projets orientés vers la clientèle de l’entreprise et requérant souvent une collaboration étroite entre l’IT et le marketing. «Contrairement aux investissements IT traditionnels focalisés uniquement sur les utilisateurs et opérations internes, ces initiatives impactent et transforment le business en se focalisant sur l’expérience du client tout au long de son cycle de vie», précise le cabinet de conseil Forrester.

Beaucoup de projets devraient concerner l’enrichissement de l’expérience délivrée à la clientèle, celle-ci étant toujours plus tributaire des canaux digitaux. Une priorité élevée pour 60% des responsables IT romands ayant participé à notre enquête. Le défi pour les entreprises consiste à délivrer une expérience consistante sur tous les canaux, qu’ils soient analogiques ou digitaux, sur les mobiles aujourd’hui, et sans doute sur d’autres objets connectés demain. Selon les analystes, outre l’engament de spécialistes design et UX, la focalisation sur l’expérience client devrait favoriser l’emploi de solutions d’orchestration multi-channel, de gestion des identités, voire l’exploration de nouveaux canaux comme les wearables.

L’enrichissement de l’expérience client nécessitera également des investissements conséquents dans les capacités de traitement des données. D’abord dans la collecte de nouvelles données contextuelles saisies automatiquement par les senseurs, comme la localisation. Ensuite, l’analyse de ces données pour produire rapidement des connaissances sur la clientèle, anticiper des comportements et les exploiter directement dans les services numériques fournis. Pour David Cearley de Gartner, l’analyse de données va devenir une partie intégrante de chaque app: «Les entreprises doivent gérer la meilleure manière de filtrer les énormes quantités de données émanant de l’internet des objets, des médias sociaux et des wearables, pour ensuite livrer exactement la bonne information à la bonne personne et au bon moment». 2015 pourrait ainsi être l’année de l’adoption pour ces technologies d’analyse avancée que sont le big data, l’analyse prédictive ou le traitement in-memory, et qui sont actuellement dans le radar de la majorité des CIO.
 

3. Protéger les données

Pour développer de nouveaux services et enrichir l’expérience de leur clientèle, nul doute que les entreprises élargiront encore cette année le spectre des données qu’elles collectent au su ou à l’insu de leurs clients. L’attaque subie par Sony fin 2014 a achevé de démontrer tant la faillibilité des plus grandes entreprises que les énormes répercussions sur le business d’un vol de données à large échelle. Si elles comptent poursuivre la collecte de données, les entreprises vont devoir (re)construire une relation de confiance en la matière avec leur clientèle. Cet enjeu pour 2015 passera à la fois par des mesures d’organisation et de communication (transparence sur la collecte et l’emploi des données, simplification des conditions d’utilisation et d’effacement), par une meilleure gestion du risque et par des investissements dans des systèmes de protection innovants: sécurité context-aware, sécurité applicative, contrôle des accès dynamique. Pour Gartner, «les périmètres de sécurité et les pare-feu ne suffisent plus ; chaque app doit désormais assurer sa propre protection».