Dario Mangano, Palexpo: «Nous souhaitons permettre le traçage des visiteurs via des détecteurs beacons»

Quels changements avez-vous initié en prenant vos fonctions de CIO en août 2013?

En arrivant dans l’entreprise, j‘ai constaté que son business model se basait déjà sur une offre de services assez large. Je précise que nous organisons un quart des événements ayant lieu à Palexpo, dont le Salon de l’auto, le Salon du livre ou encore les Automnales. Les autres manifestations sont des initiatives de sociétés externes, à qui nous proposons une diversité de services. Il  m’est apparu nécessaire d’enrichir cette offre avec des prestations informatiques, qui sont aujourd’hui listées au sein de la boutique en ligne à laquelle les exposants ont accès et où ils peuvent facilement  consulter notre catalogue de services et les commander. Ils ont par exemple la possibilité de directement y réserver la surface dont ils aimeraient disposer, différents éléments d’éclairage et décoratifs, ou encore des services de partenaires: hôtesses d’accueil, traiteurs, etc. Parmi les services informatiques que nous offrons pour l’heure, les plus prisés sont l’installation de PC, fixes ou portables, et la mise en place d’un réseau Wi-Fi. Des imprimantes, des projecteurs ou encore des tables et bornes interactives sont d’autres exemples de produits qu’il est possible de louer via notre shop. Nous projetons d’y proposer prochainement des pyramides holographiques.

En plus des prestations offertes aux exposants via votre e-shop, quels services proposez-vous spécifiquement aux organisateurs d’événements?

Ils peuvent entre autres nous déléguer la gestion de la billetterie, en totalité ou en partie. Palexpo dispose pour ce faire d’un département dédié et le rôle de l’IT consiste notamment  à configurer les systèmes sous-jacents pour la réservation et le paiement en ligne, en fonction de la demande des clients. Par ailleurs, nous proposons aux organisateurs la mise en place de business-centers clé en main. Ceux-ci peuvent être de toutes tailles, du coin de stand équipé de quatre PC au vaste espace de plusieurs centaines de postes de travail, typiquement les espaces presse durant les grands événements. Nous offrons également  depuis quelque temps un service de développement de sites web et d’applications mobiles qui peuvent être personnalisés pour un événement donné. Cette prestation est selon moi tout à fait profitable aux organisateurs, nos sites et applications ayant entre autres l’avantage d’être directement interfacés à nos autres systèmes, tels que la facturation ou la gestion de la billetterie.  

Comment est organisé votre département?

Le département emploie à l’heure actuelle neuf collaborateurs à temps plein, moi y compris. Palexpo a la particularité de fonctionner suivant un rythme saisonnier. Notre charge de travail fluctue passablement et atteint des pics lors des grands événements tels que le Salon de l’automobile. Le besoin en ressources humaines fluctue en conséquence et il s’agit pour nous de rester suffisamment flexible. Ainsi, la plupart du temps, nous nous concentrons sur le management de projets et nous faisons appel à des prestataires externes pour le travail de développement. J’assume également la fonction de sous-directeur de l’entreprise et l’on m’a confié la mission de repenser l’organisation et les objectifs de l’IT. Dans ce cadre, j‘ai d’abord entrepris de réorganiser le département en trois pôles de compétences. Avec d’un côté une équipe web, le pôle «web factory», qui en plus de développer les sites et applications sur-mesure pour nos clients, gère aussi notre propre site corporate et l’intranet. Un second pôle se charge de l’architecture, des infrastructures et des activités de support. Le troisième pôle s’occupe du déploiement et du bon fonctionnement des applications métier, dont deux ERP. Palexpo a pris conscience que l’IT devenait de plus en plus stratégique. L’une des missions de l’entreprise consiste à faire rayonner Genève. Dans cette optique, nous allons chercher à développer la marque «by Palexpo». Il s’agira de vendre notre savoir-faire également pour l’organisation de rendez-vous hors de nos murs.

Sur quels projets travaillez-vous en ce moment?

Nous sommes en train de développer une panoplie d’applications mobiles personnalisables.  Certaines sont déjà disponibles et permettent aux visiteurs de planifier leur visite ou de prendre rendez-vous avec les exposants. D’autres applications en projet se basent sur la localisation. Les halles de Palexpo sont équipées de nombreuses antennes W-Fi. Ce réseau constitue un maillage suffisamment fin pour traquer les visiteurs avec une bonne précision. Nous avons aussi le projet de permettre le traçage des visiteurs via des détecteurs beacons. L’idée est d’exploiter ce type de fonctionnalités de plusieurs façons, mais jamais sans l’approbation des utilisateurs, cela va de soi. Nous sommes notamment en train de développer une app qui offrira aux organisateurs la possibilité de contrôler les flux de visiteurs, ce qui pourrait servir à désengorger des allées, ou à ouvrir et fermer des entrées en fonction des zones d’affluence. Nous envisageons d’aller encore plus loin, en utilisant ces données de localisation en combinaison avec d’autres informations. Nous pourrions ainsi proposer aux organisateurs et exposants des rapports et analyses détaillés sur le comportement des visiteurs. Nous désirons par ailleurs donner aux exposants la possibilité de déployer une boutique en ligne temporaire durant un salon. Nous pourrions monétiser ce service en mettant en avant des produits sur une plateforme commune, gérée par nos soins, qui regrouperait tous ces e-shops.

De quel type d’infrastructure informatique disposez-vous?

Aujourd’hui, 80% des postes utilisateurs de Palexpo sont virtualisés. Nous avons également virtualisé tous nos serveurs. La maintenance de notre parc informatique en est grandement optimisée et cette infrastructure facilite aussi le déploiement des postes PC loués par les organisateurs et exposants. Cependant, nous rencontrons des soucis de performance, en raison d’un nombre croissant d’utilisateurs. Pour résoudre ces difficultés, nous allons mettre en place, d’ici le début de l’année prochaine, une solution d’infrastructure hyper-convergente. Nous disposons également d’un cloud privé pour notre solution de stockage en ligne. Je souhaite pour l’heure n’héberger aucune application en externe, car il me paraît important de garder la liberté d’accéder aux serveurs pour interfacer aisément tous nos systèmes.

Vous avez récemment déployé un nouvel outil de gestion budgétaire. Pour quelles raisons?

Nous désirions opter pour un outil plus puissant pour notre gestion budgétaire. La solution choisie s’est imposée car elle permettra aussi, dans un second temps, de concevoir des outils de Business Intelligence. En outre, elle a pu être déployée rapidement, le change management est limité et les licences sont relativement bon marché. L’interface basique de cet outil a été bien accueillie par les utilisateurs, habitués jusque-là à travailler avec Excel pour la gestion des budgets. Nous utilisons une version standard du logiciel, sa mise en place a toutefois nécessité des adaptations au niveau des scripts pour l’interfacer avec nos deux ERP. La seconde phase consistera à utiliser le logiciel comme un outil de BI classique. Nous ne sommes pas satisfaits du data warehouse actuel. Pour sa refonte complète, j’ai discuté avec les chefs de projets afin de collecter les bons indicateurs clé de performance. Nous souhaitons ensuite les implémenter dans un hub de données intégré.