Sport et TV

Gilles Marchand, RTS: «Durant la Coupe du monde, nous assurerons une forte présence sur les réseaux sociaux»

Directeur de la RTS, Gilles Marchand nous parle des nouveaux modes de diffusion. En coordonnant les différents médias, la RTS couvre la Coupe du monde de foot avec une équipe modeste.

(Source: RTS/CHRISTIN Philippe)
(Source: RTS/CHRISTIN Philippe)

Que pensez-vous de la TV 3D?

Pour l’instant, ce n’est pas une priorité pour la RTS. Je constate que la production en 3D –notamment dans le monde du film – est encore embryonnaire. Je doute toujours que cette technologie s’impose dans le cadre d’un usage domestique. Pour cela, il faudrait que l’expérience utilisateur s’améliore. Les lunettes sont par exemple un vrai frein. C’est pourquoi à l’heure actuelle, nous nous concentrons d’un côté sur la HD et de l’autre sur la production mobile et interactive.

La RTS commencera-t-elle bientôt la diffusion en UHD (Ultra Haute Définition)?

Rien ne se développera de très significatif dans ce domaine dans les cinq prochaines années en tous cas. Il y a un décalage entre les innovations présentées dans les salons high-tech et les contingences du marché. Actuellement, les diffuseurs TV doivent encore terminer de s’équiper en HD, technologie qui a nécessité des investissements conséquents. Ces investissements doivent être amortis avant que les chaînes n’envisagent de s’équiper pour proposer de nouveaux formats de diffusion. Par ailleurs, la distribution de la UHD est problématique car à ce stade, cette résolution est trop gourmande en bande passante. Rien ne sert de faire une production de très haute qualité tant que nous n’avons pas la garantie de pouvoir la diffuser correctement. Enfin, le marché n’est pas encore là. Il y a encore trop peu de contenu produit en UHD. Sony aurait toutefois l’intention de faire une première expérience en produisant, semble-t-il, la finale de la Coupe du monde de foot en UHD. Mais le développement large ne se fera pas à court terme.

Combien de collaborateurs de la RTS seront au Brésil pour la Coupe du monde de football?

Nous aurons 24 collaborateurs au Brésil pour assurer la couverture radio, web et TV. Pour les les Jeux d’hiver de Sotchi, nous avions 35 journalistes sur place. Cela peut sembler important mais il faut comparer avec ce que font les télévisions concurrentes, et là on se rend compte que la télévision suisse est plutôt modeste. Aux JO par exemple, pour une prestation équivalente, France Télévisions comptait environ 300 personnes en Russie. Les équipes de CNBC se comptaient, elles, en millier de personnes! Si nous parvenons à proposer une couverture de qualité, avec une équipe réduite, c’est notamment grâce à notre organisation coordonnée entre les différents vecteurs. Nous travaillons constamment et soigneusement les renvois et complémentarités entre le web, la TV et la radio. Le rédacteur en chef des sports, Massimo Lorenzi, a la responsabilité éditoriale des trois vecteurs. Tout est intégré à la RTS, cela facilite toutes les combinaisons entre médias.

Quel sont les challenges de la RTS pour la diffusion des matches et émissions lors de la Coupe du monde de foot?

Il y a d’abord un challenge programmatique, à commencer par la diffusion de tous les matches en direct et des reportages associés. Nous proposerons également «le Club», un talk show en soirée, en direct et en public. Nous suivrons aussi l’équipe de Suisse, notamment à travers l’émission «Le Journal des Suisses». Tous ces programmes doivent offrir une couverture complémentaire et exhaustive sur les trois vecteurs: TV, radio et multimédia. Du côté du web, nous aurons une offre et une application spécifique comparable à celle proposée lors des JO de Sotchi, incluant de la VOD, un player-vidéo, une time-line interactive et un live-texte de chaque match. Nous assurerons une forte présence sur les réseaux sociaux avec, notamment, une opération spéciale pour le match Suisse-France. Nous avons aussi à relever un défi plus global: continuer à passionner et rassembler le public romand autour de ce grand rendez-vous sportif international, comme nous y sommes parvenus pour les JO de Sotchi: 90% des téléspectateurs qui ont suivi l’événement l’ont fait sur RTS Deux.

Quelle est votre stratégie pour séduire les jeunes générations qui passent leur temps sur le web et notamment sur Youtube?

En réalité, le jeune public n’a rien contre les contenus audiovisuels proposés par les diffuseurs tels que la RTS. C’est le poste TV, objet fixe et encombrant, qui est chahuté par l’avènement de la mobilité et l’apparition de nouveaux écrans interactifs. Pour attirer les jeunes, il s’agit d’abord de proposer nos programmes, en live comme en VOD, sur tous les supports de distribution qu’ils utilisent. Nous devons aussi fournir des contenus susceptibles de les intéresser, comme par exemple ce que nous tentons en ce moment avec des programmes web only, comme la web-série «Break-ups». Nous pouvons aussi les intéresser en mettant toujours plus en avant nos grands rendez-vous de direct, notamment sportifs, qui les passionnent. Et utiliser les réseaux sociaux pour promouvoir le tout!

Sur quel appareil regardez-vous normalement la télé?

Comme je suis constamment en déplacement, je regarde surtout la télé sur ma tablette. J’essaye toutefois de suivre le sport et les films sur un écran fixe, de très bonne qualité.

Chez vous, quel est votre fournisseur d'accès et pourquoi?

Swisscom. Parce que le câble et la fibre optique n’arrivent pas dans mon village et que cet opérateur possède un catalogue de films à la carte qui intéressent les membres de ma famille. Mais je dois dire que je regrette que la bande passante de Swisscom ne soit pas en mesure de donner à nos programmes en HD toute leur puissance, ni de mettre complétement en valeur ce développement technique spectaculaire!

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