Interview

Matthias Täubl, Connectis : «Nous jouons la carte de la proximité, de la flexibilité et d’une taille raisonnable»

| Mise à jour
par Rodolphe Koller

Matthias Täubl, aux commandes de Connectis depuis quelques mois, revient sur les développements récents de la société et sur ses axes de croissance future.

Vous avez repris la direction de Connectis il y a quelques mois. Comment s’est passée cette transition? Avez-vous résisté à la tentation de tout changer?

Je travaille chez Connectis depuis 2008 et je connais donc bien ses collaborateurs, ses partenaires et ses clients. J’ai aussi participé à l’intégration de Getronics et au développement de la culture et de la stratégie de l’entreprise. Tous ces éléments facilitent les choses. On parle souvent des 100 jours que nécessite un nouveau CEO pour endosser le rôle; dans mon cas, je dirais qu’il m’a fallu une dizaine de jours! Je ne vois donc pas non plus de nécessité de changer de stratégie et je m’inscris dans la continuité. Tom Kleiber a fait un excellent travail, nous venons de boucler notre meilleur exercice et je bénéficie de l’appui de notre propriétaire Aurelius. Il n’y a donc pas de pression à réinventer la roue. Bien entendu chacun a son caractère et son style de management. En ce qui me concerne, je suis quelqu’un de pragmatique et l’exécution compte pour moi plus que les présentations Powerpoint et les organigrammes. C’est comme cela que je fonctionne et c’est ainsi que je souhaite être vu.

Vous avez piloté l’intégration de Getronics. Cette transition a-t-elle été douloureuse? La considérez-vous terminée?

Objectivement, on peut considérer que l’intégration est achevée après la résolution de quelques problèmes de consolidation IT fin 2013. Les différences culturelles se sont aussi fortement estompées, mais elles restent un objet d’attention. Getronics Suisse fonctionnait comme entité à l’intérieur d’un grand groupe, un peu comme lorsque Connectis faisait partie de Sunrise. Depuis 2008, Connectis a profondément changé: nous avons développé une culture entrepreneuriale, plus flexible, plus proche du marché et avec des processus de décision plus court. Getronics est aussi passée à son tour par cette transition, mais c’est un processus qui prend du temps, qui ne peut être décrété et qui passe par diverses mesures. Nous faisons notamment travailler les spécialistes des deux entités sur des projets communs, nous communiquons beaucoup pour que personne ne se sente mal informé, nous organisons aussi beaucoup de rencontres informatives informelles. La transition est ceci dit relativement peu douloureuse puisque  moins de 10% des collaborateurs nous ont quittés durant cette phase, contre 20 à 25% en général dans ce genre de fusion.

Dans quelles activités Connectis réalise-t-elle actuellement ses revenus?

Nous réalisons la majeure partie de notre chiffre d’affaires dans nos domaines d’activité stratégiques: communications unifiées & collaboration, workspace management, services managés & opérations, ainsi que l’intégration et le déploiement de solutions IT complètes. En raison de la complexité croissante de ces domaines, l’activité de conseil gagne en importance. Nous travaillons d’ailleurs au renforcement de notre offre de services existante dans ce domaine..

Sur quelles demandes du marché comptez-vous appuyer votre croissance future?

Nous profitons de la convergence qui fait passer toute la communication dans le giron de l’IT des entreprises. Les CIO venant en général du domaine applicatif, ils préfèrent déléguer à des experts externes des sujets tels que la connectivité, les postes de travail ou la téléphonie. Pour y répondre, nous disposons d’offres éprouvées et mûres en matière de collaboration et de communication et nous mettons actuellement l’accent sur la standardisation de nos offres de workspaces managés. Nous profitons aussi d’autres tendances comme le BYOD où nous aidons les entreprises à établir les prérequis en termes de réseau et de sécurité. Enfin, naturellement l’essor du cloud nous impacte aussi. A ce stade, les entreprises veulent se préparer pour passer tôt ou tard à une solution de connectivité ou de communication hébergée. Nous pouvons déjà proposer de tels services cloud via Getronics depuis le Royaume-Uni et nous travaillons actuellement à adapter cette solution aux besoins suisses. Nous devrions être en mesure de lancer un tel service sur le marché début 2015.

Le domaine des services managés est fortement standardisé. Est-il encore possible de démontrer une valeur ajoutée et de s’y différencier, notamment contre les gros concurrents?

De prime abord, certaines solutions peuvent sembler des commodités. Mais, dès que l’on va dans le détail, par exemple dans le cadre de workshops avec des décideurs, ils se rendent compte combien la communication est importante pour supporter leurs processus métiers. Nous nous différencions de la concurrence, car peu de prestataires disposent de notre portefeuille de solutions et d’un centre de services quadrilingue en 24x7 ou encore de la possibilité de servir des filiales internationales. Face aux grands fournisseurs, nous pouvons en outre jouer la carte de la proximité, de la flexibilité et d’une taille raisonnable. Beaucoup d’entreprises ne veulent pas travailler avec un fournisseur qui compte plusieurs dizaines de milliers d’employés.

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