Quantified self

Traqueurs d'activité: l'expérience utilisateur doit encore progresser

par Yannick Chavanne

En vogue, les accessoires connectés servant à monitorer sa santé et son bien-être ont un taux élevé d'adoption, mais leur convivialité n'est pas toujours optimale.

(Quelle: Jean Philippe MOULET)
(Quelle: Jean Philippe MOULET)

Le quantified self a le vent en poupe. Les outils et services numériques conçus pour collecter les données biométriques séduisent un public de plus en plus large. Ce phénomène s'impose en particulier dans les domaines de la prévention, de la santé et du bien-être. Corolaire de ce boom de l'auto-mesure, le nombre d'applications dédiées au suivi de la forme physique explose sur les app stores. Celles-ci se couplent souvent à un accessoire, tel qu'un tensiomètre ou un bracelet. Difficultés pour les concepteurs: faire en sorte que ces dispositifs puissent réellement aider à perdre du poids, réguler la pression artérielle ou encore améliorer la qualité du sommeil. Ainsi, pour atteindre leurs objectifs, en parallèle à la justesse et à la fiabilité des données récoltées, ces applications et objets connectés doivent aussi être suffisamment conviviaux. D'où l'importance d'une démarche de conception centrée sur l'utilisateur. Dans un sondage mené en octobre dernier par le cabinet PatientView, 80% des personnes interrogées déclaraient s'attendre à ce que ces produits soient simples à manipuler. Or, ce n'est pas assez souvent le cas…

Un tensiomètre connecté sous la loupe

Lors d'une conférence organisée cet automne à Genève à l'occasion du World Usability Day, Florian Egger, directeur de Telono, faisait remarquer que le manque d'attention accordée à leur usabilité était l'une des causes principales d'échec de ce type d'applications. L'expert a présenté les résultats du test d'un tensiomètre connecté, commercialisé par la firme française Withings. Menée auprès de 21 participants de 17 pays, âgés entre 27 et 61 ans, l'étude s'est focalisée sur trois phases de l'expérience utilisateur: l'achat du produit, son déballage et sa prise en main, puis sur son usage. Faute d'instructions assez claires, le brassard du tensiomètre a posé des problèmes de mise en place pour beaucoup de participants. Ceux-ci se sont ensuite sentis confus en découvrant que deux applications différentes étaient automatiquement proposées en téléchargement. En revanche, apprendre à manipuler l'accessoire et son application s'est révélé plutôt aisé, tous les participants ayant été capables de contrôler leur pression artérielle au bout d'une journée. Après dix jours, la plupart confiaient qu'ils continueraient à se servir de cet outil après l'étude. «La moitié des personnes testées ont déclaré que ce tensiomètre leur donnait davantage de contrôle sur leur santé», a précisé le fondateur de Telono, avant de signaler un problème récurrent à ce genre de produits: «Les traductions de l'application n'ont pas toujours un ton approprié.» 

Des fonctions utilisées partiellement

Dans le cadre d'une récente étude du cabinet-conseil Zeix, d'autres «appcessoires» ont également été l'objet d'un taux élevé d'adoption de la part des participants. Spécialisée en conception centrée sur l'utilisateur, cette agence basée à Zurich s'est intéressée à trois systèmes qui mesurent et analysent plusieurs variables de l'activité d'une personne, ainsi que son sommeil: le smart tracker Pulse de Withings, le bracelet Jawbone Up et les modèles One et Flex du capteur Fitbit. Deux semaines après le début de l'étude, neuf des dix participants, âgés entre 20 et 71 ans, exprimaient le désir de continuer à se servir de leur accessoire. Son port n'était pas jugé désagréable et il permettait la récolte des données dans de bonnes conditions. Toutefois, les résultats montrent que les personnes suivies n'ont fait appel que très partiellement à la multitude de fonctions disponibles. Elles manifestaient en outre davantage d'intérêt pour leurs performances que pour les recommandations proposées par le traqueur. Autre bémol: le réglage en mode sommeil, non automatisé et mal expliqué, était souvent zappé. Globalement, il ressort que ces trois dispositifs pourraient mieux guider l'utilisateur dans son interprétation des données mesurées. Senior User Experience Architect chez Zeix, Sibylle Peuker conclut: «L'étude a aussi mis en lumière le fait que même de petits obstacles peuvent pousser l'utilisateur à ne pas se servir d'une fonctionnalité. En conséquence, les développeurs de ce type de produits auraient intérêt à systématiquement éliminer tout ce qui pénalise l'expérience utilisateur.»


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