Conservateurs

L’innovation technologique n’est pas au menu des CIO suisses pour 2014

| Mise à jour

L’analyste Deloitte esquisse quelques tendances pour les douze prochains mois. Selon son étude, les CIO suisses sont particulièrement frileux dans leur adoption de nouvelles technologies.

La priorité des CIO suisses n’est pas l’innovation, mais plutôt le maintien de prestations existantes. (Quelle: Deloitte)
La priorité des CIO suisses n’est pas l’innovation, mais plutôt le maintien de prestations existantes. (Quelle: Deloitte)

En comparaison internationale, les responsables informatiques suisses sont très conservateurs, d’après une enquête réalisée par le cabinet de conseil Deloitte. La priorité numéro un des CIO helvètes pour les 12 mois prochains est au maintien des services IT existants. La conduite d’une stratégie digitale étant reléguée en sixième position de leur agenda, derrière la réduction des coûts IT (voir graphique).

L’innovation oui, mais pas informatique

Conformément aux facteurs de compétitivité de la Suisse, deux tiers des 56 CIO interrogés par Deloitte jugent que l’innovation est un élément clé de la stratégie de leur entreprise. 78% d’entre eux estiment en outre avoir une vue claire sur la façon dont l’IT peut contribuer à cette innovation, perçue comme un prérequis. En revanche, seul un tiers des CIO indiquent que la fonction IT est le moteur de l’innovation dans leur organisation.

Les priorités IT, le manque de ressources et les contraintes budgétaires sont les principaux freins à l’innovation évoqués par les CIO. Car si leur budget reste stable au fil des ans, ils sont priés de financer les nouveaux projets grâce aux programmes de réduction dans les projets en cours.

Frilosité face aux nouvelles technologies

Le conservatisme des CIO suisses se reflète également dans leur adoption de nouvelles technologies en vogue par rapport à leurs collègues étrangers. Les responsables IT du pays explorent actuellement des technologies telles que les applications mobiles, le big data ou les médias sociaux, mais ils n’ont en général pas démarré de projets pilotes ou de déploiements.

La frilosité face aux nouvelles technologies est particulièrement marquée dans le domaine du cloud public, puisque seul 10% des CIO sondés y recourent, contre 23% en moyenne internationale. Sans surprise, la protection et la législation des données suisses constituent le premier motif invoqué pour ne pas adopter des services de cloud public, devant même l’absence de business case.

Le conservatisme a du bon

Les auteurs de l’étude soulignent toutefois qu’une attitude conservatrice n’est pas forcément une mauvaise chose. Elle évite notamment de se ruer sur des technologies en vogue amenant souvent leur lot de déceptions. C’est aussi une approche correspondant à ce que le business demande traditionnellement à l’IT: contrôle, réduction des coûts et prestations uniformes. D’ailleurs, 71% des CIO affirment délivrer leurs services toujours ou presque dans les temps et dans le budget prévu. La clé du succès résiderait dans le recours à des technologies approuvées et à une forte direction.

Mais le conservatisme des responsables IT présente aussi des risques, avertit Deloitte. En effet, souvent l’échec de projets dû à de nouvelles technologies peut s’expliquer par le scepticisme des CIO. Il n’est pas aisé de passer d’un modèle orienté sur le contrôle à un modèle orienté sur l’innovation.

De plus, le manque d’innovation rend ces organisations peu attractives pour les personnes les plus talentueuses en technologies. Face à cette pénurie de personnel qualifié, les entreprises doivent mettre sur pied des stratégies de séduction.

Cela ne passe pas par de meilleures conditions salariales, mais plutôt par des mesures comme l’accès à des projets IT pointus, la promotion de l’équilibre vie privé et travail, etc. Deloitte, qui a comparé plusieurs pays dans son étude, résume leur situation en quelques résultats-clés. Pour la Suisse, il ressort de l’enquête que «les leaders IT suisses observent mais n’implémentent pas encore toute une palette de nouvelles technologies.»

Enfin, pour leur avenir, les CIO restent également prudents. 38% d’entre eux pensent conserver leur fonction, alors que 21% visent le poste de CEO. Les autres envisagent de devenir COO, voire consultants

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