Julien Probst, Sysmosoft: «Notre solution permet d’isoler l’information sensible dans un environnement chiffré et contrôlé»

Sysmosoft est une jeune société. Comment est-elle née et quelles sont aujourd’hui ses priorités?

J’ai effectué mon travail de diplôme en 2008 dans le domaine de la sécurité mobile à la HEIG-VD d’Yverdon, où le concept de Sense a été développé. Nous avons eu l’opportunité de présenter la solution à des banques qui nous ont soutenus, ce qui nous a permis de passer en production. Sysmosoft a ainsi été fondée en 2010 à Yverdon. La société a été initialement financée par des fonds propres, puis nous avons bénéficié fin 2012 d’un financement stratégique, auprès d’une société d’investissement suisse, dans le but de développer notre marché international. Aujourd’hui, Sysmosoft compte plus d’une dizaine d’employés, dont des développeurs, des intégrateurs et des commerciaux. Notre objectif est maintenant d’étendre nos marchés en dehors de la Suisse. En Suisse, nous avons déjà conclu des contrats avec des intégrateurs spécialisés, car nous avons besoin de partenaires locaux sur le terrain. L’un des principaux défis pour nous étendre à l’étranger est précisément d’identifier les bons partenaires et canaux de distribution. Mais nous sommes confiants. Notre expansion est d’ailleurs déjà en train de se mettre en place en Amérique du Nord et au Moyen Orient.

Malgré ces premiers succès, Sysmosoft reste un Petit Poucet face aux géants du Mobile Device Management. Pouvez-vous vraiment faire le poids?

Les solutions de MDM répondent principalement à une problématique de gestion de flotte d’appareils mobiles. Il existe actuellement plus d’une quarantaine de fournisseur MDM, et il est clair que certains vont disparaître. Nous nous positionnons en revanche dans un secteur de niche, beaucoup plus ciblé sur la sécurité de l’information, et disposons de solides atouts pour nous démarquer. A commencer par la technologie Sense elle-même. Contrairement aux solutions MDM qui nécessitent de prendre le control de l’appareil mobile, Sense permet d’isoler l’information sensible au sein d’un environnement chiffré et contrôlé par l’entreprise. Concrètement, cela signifie que pour accéder à ses données professionnelles, telles que messageries, contacts, calendriers, intranet, documents et messageries instantanées, l’utilisateur doit ouvrir son app Sense et se conformer à la politique de sécurité de son entreprise. Cette approche répond aux exigences des entreprises tout en permettant à l’utilisateur de maintenir sa vie privée et ses habitudes, sans se voir par exemple privé de Youtube ou de Facebook le week-end! En matière de conformité, Sense présente aussi un sérieux avantage, puisque les données sont hébergées par l’entreprise et que cette dernière contrôle sa sécurité sans dépendre de tiers. On évite ainsi notamment que les données soient forcées à transiter par les Etats-Unis, comme c’est parfois le cas avec certains concurrents américains.

Comment la technologie Sense va-t-elle évoluer?

Actuellement, nous avons deux offres. La première permet aux entreprises de déployer rapidement un accès mobile sécurisé à leur messagerie, à leur intranet ou à leurs documents sensibles. C’est ce produit que nous allons «pousser» à l’étranger, puisqu’il s’intègre à l’infrastructure de l’entreprise en quelques jours et sans adaptions spécifiques. La seconde version est une offre beaucoup plus flexible, permettant notamment de sécuriser des applications métier spécifiques. Les deux offres se présentent sous la forme d’apps iOS et Android. Nous envisageons également de développer une version pour Windows Phone, mais préférons attendre encore un peu les retours du marché. Pour l’heure, nous nous concentrons sur le développement de nouveaux modèles d’affaires. Nous travaillons souvent avec des agences qui développent des applications spécifiques pour leurs clients, notamment des banques. Concrètement, ces agences utilisent Sense pour gérer et sécuriser leurs apps et ainsi répondre aux exigences de leurs clients. Nous réfléchissons aussi à d’autres possibilités, comme celle de proposer Sense à de grands opérateurs qui pourraient par exemple déployer une solution de messagerie mobile sécurisée «nationale» dans leur pays.

Qui sont aujourd’hui vos clients?

En Suisse, plus d’une quinzaine d’entreprises utilisent déjà la technologie Sense. La plupart de nos clients sont actifs dans les domaines financier et institutionnel. Mais le potentiel est grand, puisque la technologie est transposable à tous les autres secteurs. Et il n’y a pas que les banques qui se soucient aujourd’hui de sécurité. Avec la multiplication des clouds hébergés Dieu sait où et des scandales aussi retentissants que Prism, il y a une vraie prise de conscience.