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Alexandre Jordan et Betim Shkodra, homePad: «Nous finalisons une version collaborative pour les gérances immobilières»

| Mise à jour
par Interview: Corine Fiechter

Lauréate des prix «Innovation » et «Mobile» lors de l’édition 2012 du Meilleur du Web, l’application homePad permet de réaliser des états des lieux sur un iPad. En entretien avec ICTjournal ses concepteurs, Alexandre Jordan et Betim Shkodra, expliquent comment ils comptent poursuivre le développement de leur solution et de leur société.

Alexandre Jordan et Betim Shkodra, cofondateurs d'homePad (Quelle: Christine Caron)
Alexandre Jordan et Betim Shkodra, cofondateurs d'homePad (Quelle: Christine Caron)

Qu’est-ce que homePad?

Alexandre Jordan: homePad est une application pour iPad destinée aux professionnels de l’immobilier. Elle permet d’établir des états des lieux au format numérique lors de l’entrée ou de la sortie d’un locataire. L’app guide de manière intuitive les utilisateurs tout au long de la procédure. Ainsi, le relevé des dommages s’opère à l’aide de mots-clés et de prises de photos. D’autres fonctionnalités comme l’inventaire des clés ou le relevé des compteurs sont proposées. homePad intègre également une tabelleau  des amortissements, et permet de gérer les responsabilités. En d’autres termes, de préciser à charge de qui une réparation incombe. A la fin de la procédure, les parties signent l’état des lieux sur l’iPad. Un document PDF intégrant les photos est alors généré, puis envoyé de manière sécurisée aux personnes concernées.

Peut-on personnaliser homePad?

Betim Shkodra : Oui. L’utilisateur peut par exemple créer de nouvelles pièces ou ajouter des remarques. De plus, les gérances peuvent intégrer leur logo et leurs conditions générales, de même que des libellés «maison». Dans sa version collaborative, homePad peut également être intégré à un logiciel métier. 

Quelle est la valeur légale d’un état des lieux réalisé sur homePad?

AJ : Il faut savoir que le document d’état des lieux n’est pas soumis à une forme légale particulière. Pour nous, la principale question résidait donc dans la valeur légale d’une signature manuscrite sur un support dématérialisé. Nous avons travaillé avec différents conseillers, et plus particulièrement avec Me Aubert, spécialiste de la signature électronique et du droit du bail. Deux notions sont ici importantes. D’une part, pouvoir démontrer l’intention des parties;, d’autre part, prouver que la signature est originale. Le premier aspect ne pose pas de problème particulier, à partir du moment où les parties démontrent leur intention en signant un document commun. Prouver le caractère original des signatures a en revanche entraîné un certain nombre de développements techniques, notamment aux niveaux du chiffrement et du stockage. 

Comment l’idée d’homePad vous est-elle venue?

AJ : En tant que professionnel de l’immobilier, je trouvais en particulier l’exercice de l’état des lieux fastidieux. J’avais notamment du mal à valoriser mon travail avec des annotations manuscrites souvent illisibles sur un papier carbone, sources de litiges potentiels. Lorsque l’iPad 2 est sorti avec la possibilité d’intégrer des photos et d’envoyer des e-mails, le support m’est apparu comme idéal. D’autant que sa simplicité permet de gagner en temps et en efficience. Sans compter la dématérialisation des documents qui résout le problème de stockage des archives physiques. Ne restait plus qu’à trouver le partenaire capable de développer mon idée d’un point de vue informatique. Raison pour laquelle je me suis adressé à in4biz, la société de Betim.

Quelles ont été les premières étapes?

AJ : Il a d’abord fallu définir un standard qui soit applicable partout. Il faut savoir que les us et coutumes varient d’un canton à un autre, voire d’un gérant à un autre au sein d’une même régie. Dans le canton de Fribourg par exemple, on considère que par défaut, tout est en ordre à partir du moment où aucune remarque faisant état de dommages n’est formulée dans le document. Dans le canton de Vaud en revanche, l’état des lieux est non seulement beaucoup plus détaillé, mais il est suivi d’une convention de sortie, qui équivaut à une reconnaissance de dettes. Formaliser un besoin qui n’était pas toujours clairement formulé a pris du temps. Mais d’après les retours positifs que nous recevons de nos clients, il semble que l’applicatif remplit sa fonction. Souvent, l’application est aussi l’occasion d’unifier les pratiques au sein d’une même régie.

Comment homePad est-elle accueillie?

AJ : Avec beaucoup d’ouverture. La régie CGi Immobilier, qui a été l’un de nos premiers gros clients, nous a spontanément fait confiance. Il faut dire que l’application a été développée pour être un outil non seulement fonctionnel, mais aussi souple et facile à utiliser. Pour moi, avoir fait d’homePad un outil professionnel ne nécessitant aucune formation préalable constitue l’une des plus grandes réussites du projet.  

Qui sont vos clients?

BS : En Suisse, nous travaillons avec des régies de toutes tailles, sachant que, d’une manière générale, les moyennes entreprises se sont montrées les plus réceptives.  Nous collaborons aussi avec des éditeurs de logiciels du domaine immobilier qui promeuvent homePad. Nous avons par exemple conclu un partenariat avec les éditeurs Thurnheer et Quorum Software, ce qui nous permet de gagner rapidement du terrain non seulement en Suisse romande, mais aussi Outre-Sarine.

Ce qui signifie qu’homePad est disponible en plusieurs langues?

AJ : Oui. L’application est disponible en français, allemand et anglais. Une version italienne sera lancée courant 2013.

Quels modèles d’achat proposez-vous aux gérances?

AJ : Les gérances ou les propriétaires ont deux options. Elles peuvent opter pour la version autonome sans abonnement. Avec ce modèle, l’application est téléchargée gratuitement sur l’App Store et offre toutes les fonctionnalités d’homePad, hormis la création du PDF. Pour générer ce document, il suffit d’acheter des crédits via In App, un crédit coûte 12 francs et équivaut à un état des lieux. Les gérances ayant des besoins plus réguliers optent généralement pour l’offre forfaitaire. Dans ce cas elles paient un montant de 450 francs par terminal qui comprend 50 états des lieux. Elles peuvent ensuite acquérir des crédits additionnels à l’unité ou encore souscrire un abonnement illimité. 

Vous êtes sur le point de lancer une version collaborative de homePad. Qu’est-ce qui la distingue de l’application actuelle?

BS : Cette version comprend une application web sécurisée, qui permet aux gérances de préparer en amont les états des lieux, puis de les envoyer sur les iPads de leurs collaborateurs. Les gérances pourront aussi visualiser et gérer dans cette application en ligne les informations saisies lors de l’état des lieux. Pour les gérances disposant d’un logiciel métier, il sera également possible d’intégrer et d’automatiser davantage le processus en connectant homePad avec leur solution. Par exemple, pour créer des bons de travail, à partir de la liste des travaux à effectuer. 

Quelle infrastructure cloud avez-vous mis en place?

Nous avons déployé une infrastructure entièrement redondante et dotée de load balancing avec la société d’hébergement OVH. Cette infrastructure supporte à la fois l’applicatif en ligne et sa base de donnée, et le stockage des états des lieux sous forme de PDF.

Comment homePad va-t-elle évoluer prochainement?

BS : Dans sa version collaborative, homePad génèrera bientôt des rapports d’immeubles. Le gérant pourra ainsi profiter d’un état des lieux pour noter des informations sur l’état de l’immeuble et des locaux communs. Un module sera également lancé pour les appartements meublés, qui font l’objet d’un inventaire complet dans l’état des lieux. Nous travaillons aussi sur la version 2.0 de l’application. Il s’agit notamment d’intégrer l’historique des travaux et coûts y relatifs ventilés pour chaque poste (parquet, cuisinière, etc.). Un niveau de détails qui fait souvent défaut aux régies aujourd’hui. Le plus souvent, elles disposent d’un historique de frais liés à un appartement, sans pour autant pouvoir rattacher ces coûts à un poste précis. Pour nous, l’idée est donc de faire d’homePad un véritable complément à l'outil de gestion, capable d’intégrer d’anciennes factures numérisées, ou de signaler par exemple que les peintures devraient être refaites selon la tabellele tableau des amortissements, voire même de créer directement un bon de travail. 

Vous parlez beaucoup de fonctionnalités, mais peu du design…

BS : C’est vrai que nous nous sommes surtout focalisés sur le côté professionnel de l’application jusqu’à présent, quitte à négliger le côté fun de l’iPad. Le graphisme va évoluer en ce sens. Mais pas question pour autant de sacrifier à la fonction première d’homePad, qui doit rester une application professionnelle et efficiente avant tout. Vu l’important nombre de champs, il est difficile par exemple difficile de faire évoluer les menus déroulants vers de gros boutons tactiles sans que l’utilisateur n’y perde en visibilité.

Comptez-vous développer une version Android?

BS : Nous ne l’envisageons pas pour l’instant. Notamment en raison de la fragmentation des appareils et de la difficulté à traiter et sécuriser les PDF.

D’un point de vue commercial, comptez-vous vous développer à l’étranger?

AJ : Oui. Nous avons créé fin 2012 la société homePad Solutions SA dans ce but. Nous tablons sur des partenariats dans différents pays d’Europe avec des éditeurs de logiciels immobiliers qui soient leaders de leur marché et capables de promouvoir homePad. En France, nous avons par exemple conclu un partenariat avec Diagorim, spécialiste des outils de diagnostics. Les débuts sont prometteurs, puisqu’une centaine de contrats sont déjà en attente dans l’Hexagone, étant donné que la version collaborative d’homePad n’y sera commercialisée que courant 2013.

Quels objectifs financiers vous êtes-vous fixés?

BS: L’application a déjà généré des revenus une semaine après son lancement, que nous avons entièrement réinvestis. Nous visons la rentabilité d’ici fin 2013 et nous nous apprêtons à lancer un round d’investissement pour financer notre développement international et étoffer notre équipe de développement. 

Et en termes de parts de marché?

AJ: En Suisse, on estime que 500 '000 états des lieux sont réalisés chaque année. Nous visons environ 20% de parts de marché d’ici fin 2013.

Quel bilan tirez-vous des deux prix gagnés au Meilleur du Web 2012? 

AJ : Ces prix nous ont surtout permis de gagner en visibilité. Nous avons reçu un certain nombre de demandes de n

ouveaux clients potentiels, notamment de sociétés ne disposant pas encore de fonctionnalités mobiles. Plusieurs clients établis nous ont aussi félicités et encouragés, ce qui est toujours un signe de confiance très agréable. 

BS : C’était pour nous une grande fierté de pouvoir présenter notre travail et participer à cet évènement aux côtés d’agences web venues de toute la Suisse romande. Inutile de préciser que nous nous réjouissons d’ores et déjà de prendre part au Best of Swiss Web 2013!

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