Etudes

Quelles tendances de l’analytics intéressent les entreprises?

Particulièrement dynamique, le domaine de l’analytics se développe dans de multiples directions. Selon une enquête de l’institut BARC, les organisations s’intéressent surtout aux thématiques classiques de la business intelligence. Quant aux tendances les plus innovantes, les entreprises leaders y sont attentives et les organisations «en retard» les boudent.

(Source: Fotolia)
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Les possibilités offertes par l’analyse de données ont progressé significativement ces dernières années. Les développements technologiques permettent désormais d’analyser des données en grands volumes, d’obtenir des résultats quasiment en temps réel et même de prédire les comportements des clients ou les pannes des machines. En dépit de ces progrès, les entreprises restent surtout focalisées sur une business intelligence relativement classique, selon le dernier BI Trend Monitor réalisé par BARC.

L’institut de recherche a sondé 2800 responsables dans le monde – consultants, fournisseurs et utilisateurs – sur l’importance qu’ils accordent aux tendances en matière d’analytics. Avec pour résultat trois tendances qui se dégagent clairement, tant au niveau mondial que dans la région Suisse-Allemagne-Autriche: la BI en self-service, les outils d’exploration et de visualisation des données, et la question de la qualité des données. Des thèmes classiques qui figuraient déjà sur le podium l’an dernier, alors que des thèmes plus innovants, comme l’analyse prédictive, le Big Data, ou les offres basées sur les données, sont relégués en milieu ou en bas du classement. «C’est un bon indicateur que les participants à l’enquête ne constatent pas de transformation majeure du marché ou de bouleversement impactant leur travail», commentent les auteurs de l’étude.

Démocratiser et simplifier l’analyse

En donnant davantage d’importance aux thèmes du self-service et de l’exploration/visualisation, les entreprises montrent qu’elles souhaitent que les utilisateurs business puissent analyser les données qui les intéressent de manière simple et autonome. En d’autres termes, la consommation d’analyses doit pouvoir se passer de l’IT. Comme la BI en mode cloud, le self-service est d’ailleurs particulièrement prisé des plus petites organisations ayant des ressources IT limitées, signale l’étude de BARC.

Les entreprises s’intéressent toutefois beaucoup moins à d’autres tendances facilitant l’interprétation, la prise de décision et l’échange autour des données dans l’entreprise, comme les fonctionnalités collaboratives (14e sur 21), les standards visuels (17e) ou le storytelling (15e).

Des données de qualité

Autre sujet important pour les entreprises sondées: le master data management et la qualité des données (3e), ainsi que la gouvernance (5e). Pour les analystes de BARC ces aspects sont d’autant plus importants lorsque les entreprises mettent des outils de BI en self-service à disposition des métiers: il s’agit de garder le contrôle sur les données. L’importance attachée à la gouvernance des données explique aussi sans doute le peu d’engouement actuel pour les solutions de BI en mode cloud. Autre tendance liée à cette problématique, l’intégration de la BI et des outils de planification dans une même plateforme (10e), qui évite les transferts hasardeux et les incohérences de données.

Pour les auteurs de l’étude, l’intérêt porté à la qualité des données est un bon signe, à condition que ces projets ne finissent pas à la trappe: «Dans notre expérience, ces initiatives sont souvent annoncées en fanfare avant de passer rapidement en bas de la liste des priorités pour diverses raisons. Mais au moins, les organisations semblent conscientes que le plus beau des dashboards ne vaut rien si les données présentent des lacunes». Ils soulignent aussi combien la qualité des données dépend de mesures organisationnelles telles que la désignation de gardiens des données (data stewards).

Prédictions et Big Data

Parmi les tendances plus innovantes, c’est l’analyse prédictive qui récolte le plus de suffrages auprès des responsables sondés par BARC. Pour les auteurs, le potentiel en la matière est immense: «Les uses cases dans le domaine sont très nombreux et vont de la prévision des revenus, des prix, des ventes, des besoins ou de la valeur client, à la prévention d’annulations de contrats ou de pannes de machines».

Dans une moindre mesure, les entreprises s’intéressent aussi au Big Data (9e), une thématique centrale qui fait l’actualité depuis déjà plusieurs années. «Utiliser le Big Data est une compétence clé pour les entreprises désirant se muer en organisations data-centric, où les données sont considérées comme un actif et un facteur de production toujours plus important», estiment les analystes de BARC. Etrangement, deux thèmes intimement liés au Big Data – la data science et Hadoop – sont en revanche relégués aux dernières places du classement. La faible importance accordée au framework open source Hadoop signale probablement que sa notoriété reste pour l’heure grandement limitée aux fournisseurs et spécialistes.

Agilité et temps réel

La vitesse jouant un rôle croissant dans leur compétitivité, les entreprises cherchent aussi à accélérer l’analyse de données. Cette dimension se retrouve dans plusieurs tendances identifiées dans le BI Trend Monitor. Ainsi, selon BARC l’importance accordée à la BI agile (7e) reflète davantage un besoin de rapidité et de flexibilité que le désir de voir la méthode Agile appliquée à l’analytics. Au niveau des systèmes, le recours aux bases de données analytiques (4e) et la modernisation des entrepôts de données (12e) permettent aussi de répondre plus rapidement aux changements de besoins d’analyse des métiers.

Les entreprises ne veulent pas seulement des analyses plus rapides et agiles, mais aussi travailler sur des données en temps (presque) réel. Cette tendance est jugée plus importante par les entreprises de la grande distribution et de l’industrie, que par les autres secteurs.

Commercialiser les données

Enfin, l’une des tendances les plus prometteuses en matière d’exploitation des données, la possibilité d’en faire des produits commercialisables, ne suscite que peu d’intérêt auprès des entreprises sondées par BARC (18e sur 21). A l’exception notable des administrations publiques sensibles à la thématique de l’open data. Avec l’essor des objets connectés, de nouveaux modèles d’affaires naissent cependant où le produit physique joue un moindre rôle que les informations captées par leurs senseurs. Ce domaine du data-as-product est d’ailleurs considéré comme bien plus important par les entreprises les plus performantes en matière d’analytics. Le même constat s’applique à la plupart des tendances innovantes, souligne BARC: «Les entreprises moins avancées s’intéressent principalement aux tendances majeures du marché, tandis que les sociétés leaders sont davantage susceptibles de s’occuper de thèmes plus avancés».

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