Crypto-économie

Les ICO peuvent rapporter gros... mais coûter très cher

Les plateformes d’échanges de cryptommonnaies et de tokens feraient payer jusqu’à un million de dollars les entrepreneurs qui veulent y faire apparaître leur ICO révèle une enquête de Business Insider.

(Source: Pixabay / Maklay62 / CC0 Creative Commons)
(Source: Pixabay / Maklay62 / CC0 Creative Commons)

Si les levées de fonds en cryptomonnaies peuvent rapporter gros, elles peuvent aussi coûter cher ! Selon une enquête de Business Insider, les plateformes d’échanges de monnaies cryprographiques factureraient jusqu’à 1 million de dollars l’inscription d’une Initial coin offering. Soit plus d’argent que pour être coté en bourse.

La raison de cette escalade tient au fait que les porteurs de projets n’ont guère le choix: avec la multiplication des ICO, pour être visible, il faut être listé sur l’une des principales plateformes offrant la possibilité d'acheter et vendre les jetons («tokens») émis lors de l’opération. En effet, alors que 9 de ces levées de fonds d’un nouveau genre se sont tenues en 2015 et 57 en 2016, près de 500 ont eu lieu en 2017. Parallèlement, comme le soulignait notre enquête sur le sujet, EY note que «la capacité d’atteindre les objectifs de collecte de fonds est en baisse depuis le milieu de l’année 2017; elle est passée de 90% en juin à 25% en novembre.»

Concentration des pouvoirs

Les cryptobourses en semblent bien conscientes et en jouent. Les 10 plus grosses plateformes brassent chaque jour des volumes d’échanges entre 300 millions et 2 milliards de dollars par jour. Des liquidités qui font briller les yeux des porteurs de projets et qui rendent ces bourses incontournables et donc très puissantes. En tapant «Initial coin offering» dans Google, la première proposition d’autocomplétion du moteur de recherche est d’ailleurs «Initial coin offering list».

La visibilité qu’elles offrent auprès d’investisseurs potentiels représente donc un graal pour les entrepreneurs en quête de financements, d’autant plus que Facebook a banni les pubs pour les ICO et que Google a annoncé qu’il allait faire de même. Une concentration des pouvoirs qui a certainement convaincu ces plateformes qu’elles pouvaient faire grimper leurs prix à loisir. Contactés par Business Insider, les 10 leaders se sont montrés muets ou ont répondu que ces pratiques leur étaient parfaitement étrangères.

Echanges décentralisés

Pourtant, interrogé par le même média, l'ancien CIO de l'UBS aujourd'hui dirigeant d’une société de conseil en fintech et président de la Crypto Valley Association n’est pas surpris par ces révélations. «Cela peut varier de 50 000 à un million de dollars. Ça dépend de la taille de la bourse», a ainsi affirmé Oliver Bussmann. Celui-ci regrette d’ailleurs cette situation: «Un million de dollars, c'est trop! Une bonne ICO, avec les frais juridiques, comptables, etc. c'est déjà un demi-million à un million de dollars. Alors payer un million supplémentaire pour être listé, ce n'est pas juste.» D’autant que, par peur de passer sous le radar, de nombreux projets d’ICO cherchent à inscrire leurs jetons sur plusieurs bourses, ce qui multiplie ces coûts.

L’intérêt croissant des régulateurs de nombreux pays pour les ICO et les cryptomonnaies devrait toutefois venir assainir le manque de transparence sur le prix de ces tickets d’entrée. Oliver Bussmann en est convaincu: «Je pense qu'avec la réglementation, ce business deviendra plus standardisé, plus pro. Les droits d'inscription seront impactés par cela.» Pour s’élever contre ces barrières à l’entrée, des projets de bourses d’échanges décentralisées émergent. Elles pourraient changer la donne en permettant aux porteurs de projets d’éluder l’actuel passage obligé par une plateforme tierce et toute puissante. Un retour aux sources de la blockchain...

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